Les innovations scientifiques

Pendant longtemps, le moyen-âge fut considéré comme une époque morte du point de vue du développement scientifique et du progrès technique. Aujourd'hui, on reconnaît au contraire que les quatre ou cinq siècles qui séparent l'an Mille de l'invention de l'imprimerie apportèrent de profondes transformations. Certes, il y eut peu de découvertes ou d'inventions spectaculaires, de celles qui ouvrent de nouveaux horizons à l'humanité, comme l'invention, au XVIIIe siècle, de la machine à vapeur ou de l'électricité. Les conquêtes de la technique médiévale étaient plus humbles, davantage liées aux besoins de la vie quotidienne et aux travaux familiers de la ville et des champs. Mais c'est justement pour ces raisons qu'elles se révélèrent, à la longue, d'une portée fondamentale.

Les mathématiques :

Abaque de Gerbert d'Aurillac Les sciences mathématiques connurent une remarquable évolution au moyen-âge. C'est peut être dans ces domaines que les progrès furent les plus significatifs. La comptabilité des marchands s'améliora et devint plus précise.

L'invention du zéro  :
Un chiffre qui ne compte pour rien, le zéro, a une importance plus grande encore, et augmenta considérablement les possibilités de numération. En 628, il est alors défini par le mathématicien indien Brahmagupta, comme le résultat d'un nombre entier soustrait à lui même.
Ce n'est qu'à partir du douzième siècle que le zéro commença à se répandre en occident, grâce notamment à la traduction du livre d'arithmétique publié en 820 par le grand mathématicien Al-Kuvarizhmi. Mais, durant tout le moyen-âge on discuta encore en occident pour savoir si le zéro était seulement un chiffre ou pouvait être considéré comme un nombre. Puis finalement, son statut de nombre fut admis par tous. Et l'on ajouta le zéro à ce que l'on appelle les entiers naturels. Avant d'être considéré comme un chiffre, il avait en effet pour but de remplir les vides. (Exemple : dans 3056, le zéro indique l'absence de centaine).
C'est durant le moyen-âge que l'application de l'algèbre au commerce amena en Orient l'usage courant des nombres irrationnels, un usage qui se transmettra ensuite à l'Europe. C'est aussi durant le moyen-âge, mais en Europe, que pour la première fois des solutions négatives furent acceptées dans des problèmes. C'est enfin peu après la fin du moyen-âge que l'on considéra les quantités complexes, qui permettaient de mettre en évidence des solutions réelles de certaines équations du troisième degré.

 

L'abaque de Gerbert d'Aurillac
Calculer au Xe siècle n'était pas une mince affaire. Les nombres étant notés en chiffres romains, il était impossible de poser une opération par écrit. Essayez d'additionner DCCCLXXVI et CCCLXXXVII (qui s'écrivaient d'ailleurs dcccbexvj et ccclxxxvij, en cursives liées) ! Aussi employait-on une représentation physique des nombres sous forme de jetons identiques disposés sur des lignes parallèles tracées sur une table. Nommées abaque, ces lignes constituaient, avec les jetons, la machine à calculer de l'époque. On y lisait les résultats, qu'on écrivait ensuite, par exemple, sur une feuille de compte.
Effectuer une addition à l'aide d'un abaque était relativement aisé (de nos jours, un enfant de dix ans l'apprend facilement); la soustraction était plus délicate, la multiplication demandait un grand nombre de manipulations et la division était tout simplement hors de portée.
C'est alors qu'un moine, Gerbert d'Aurillac, inventa un abaque révolutionnaire - bien plus compliqué, certes, au maniement beaucoup plus lourd, mais qui permettait d'effectuer des divisions. Cette invention resta confinée à quelques monastères. Pourtant, elle aurait dû faire le bonheur des comptables. Surtout, Gerbert y utilisait, pour la première fois en Occident, une notation qui s'imposa deux siècles plus tard comme un système de numération bien pratique pour les calculs : les chiffres arabes.

Retour vers le haut

La naissance de la chimie :

Alchimie Les alchimistes du moyen-âge cherchaient la substance ou pierre philosophale qui aurait changé en or n'importe quel matériau ordinaire. Les alchimistes médiévaux effectuèrent cependant des milliers d'expériences, dans un but souvent plus mystique, que scientifique, avec les matières les plus disparates, enregistrant ensuite soigneusement les résultats de leurs observations. S'ils ne découvrirent pas la pierre philosophale, ils purent connaître, par l'expérience, les réactions de presque toutes les substances et jetèrent ainsi les bases de la chimie.
Il existait au début du moyen-âge une relation importante entre l'alchimie et l'astrologie. A cette époque, 7 métaux étaient connus (Au, Ag, Cu, Fe, Sn, Pb, Hg) et l'astrologie comptait 7 planètes (en incluant le Soleil et la Lune). La liaison s'établissant ainsi :
• Soleil - l'or (Au)
• Mercure - le mercure (Hg)
• Vénus - le cuivre (Cu)
• la Lune - l'argent (Ag)
• Mars - le fer (Fe)
• Jupiter - l'étain (Sn)
• Saturne - le plomb (Pb)
Certaines expressions du langage datent de cette époque - par exemple le saturnisme, qui désigne une intoxication au plomb.
Il convient également de signaler, au XXe siècle, le clin d'œil par des scientifiques lors de la découverte d'éléments radioactifs. Ils furent nommés uranium, neptunium et plutonium en rapport avec les planètes Uranus, Neptune et Pluton alors inconnues au moyen-âge.

Retour vers le haut

La botanique, zoologie et médecine :

Medecine Au moyen-âge, la zoologie n'était encore qu'une accumulation de légendes, d'idées fausses et de descriptions d'animaux. Rares furent les apports réels à la zoologie en tant que science.
La zoologie, en tant que science, a été fondée par Aristote ; mais, après son disciple Théophraste, elle tomba pour ainsi dire dans l'oubli.
Chez les écrivains romains, on ne trouve quelques observations zoologiques que chez Pline, Solinus, et les auteurs agronomiques ; mais Pline, le plus important d'entre eux, n'est qu'un compilateur qui n'a fait faire aucun progrès aux connaissances. Il faut en venir à l'époque de la Renaissance, c'est-à-dire au XVIème siècle, pour voir la zoologie devenir un objet de recherches et s'enrichir de faits nouveaux.
Au niveau botanique, on réinvente la pharmacopée (ouvrage encyclopédique recensant les plantes officinales contenant une drogue à effet thérapeutique) dans les monastères. Voir Les plantes médiévales. On recopie Pline, Galien, … on ne fait pas de grandes découvertes, toutefois on s'y intéresse toujours.
En Occident, la médecine est très dépendante de l'église catholique qui dirige les hôpitaux, asiles et léproseries, régit l'enseignement dans les universités - et, pour exercer la profession, il faut le diplôme universitaire. L'étudiant en médecine passe 5 à 6 ans sur les bancs de l'université, devenant tour à tour bachelier, licencié puis enfin maître ou docteur. Suivre cet enseignement nécessite une certaine richesse, entre le prix à payer pour l'inscription et les divers cadeaux à offrir au personnel de l'école.
La première arrivée de la peste se fait entre 542 et 742, une deuxième vague arrive en 1340 – 1750. La lèpre apparaît en 1050 et a son déclin vers 1350.
En 1231 se forment les premières corporations de médecins. Dans la pratique, la dissection n'est pas interdite mais est considérée comme fantaisiste, on inspecte l'urine, …
Au IVème siècle, dans l'empire byzantin, des hôpitaux s'ouvrent et accueillent les lépreux et autres malades mais aussi les nouveaux-nés. Par la suite, les médecins les plus importants appartiendront à l'école de la « médecine arabe ». Ils commencent par traduire les livres des médecins grecs ou byzantins.
A la fin du IXème siècle, on décrit la goutte, les calculs rénaux et vésicaux, la variole ou la rougeole. Avicenne classera même l'amour dans son Canon parmi les maladies cérébrales au même titre que l'amnésie ou la mélancolie.
En Europe, au XIème siècle, se crée l'école de Salerne où est enseignée la médecine.

Retour vers le haut

Sources :

L'Histoire de France
L'histoire de la zoologie
Le mystérieux abaque de Gerbert d'Aurillac
...et quelques autres, qui ne sont malheureusement plus disponibles en lien.