La place de la femme au moyen-âge

La mentalité et la sensibilité médiévale fait face à tous les plaisirs de la vie. D'abord le plaisir sexuel, conjugal et extra-conjugal et aussi les plaisirs de la table, des fêtes, des jeux. Bien que dans cette société régie par l'église, où la morale et les interdits font loi, il a existé une conception du plaisir tout à fait spécifique. Impossible de parler du moyen-âge sans parler d'amour.

L'amour courtois ou fine amor.

L'amour conjugal était considéré comme sans importance. Seuls étaient pris en considération les associations de biens et la procréation. Pour échapper au mariage arrangé, les femmes n'avaient que le recours d'entrer dans la religion. Au XIIème siècle se crée un modèle de relation entre l'homme et la femme connu sous le nom de « Fine amor » dont quelques manuscrits sous forme de chanson ou de poèmes ont laissé des traces.
Le prestige de la dame, l'épouse du seigneur est considérable dans le cœur des guerriers. Le chevalier doit se montrer prêt à mourir héroïquement pour son amie. L'amour devient un art, une mystique, une exaltation de l'âme et une délicieuse souffrance.

Les règles de l'amour courtois :

-  Le mariage ne doit pas empêcher d'aimer
-  Qui n'est pas jaloux ne peut aimer
-  On ne peut accorder son cœur à deux femmes à la fois
-  L'amour augmente ou diminue, il se renouvelle sans cesse
-  L'amant ne peut rien obtenir sans l'accord de sa dame
-  L'homme ne peut aimer qu'après la puberté
-  A la mort de son amant(e), un délai de deux ans est nécessaire avant de s'adonner à un nouvel amour
-  Personne ne doit être privé de l'être aimé sans la meilleure des raisons
-  On ne peut aimer sans y être incité par l'amour
-  Amoureux n'est pas avare
-  L'amant doit aimer une femme de condition supérieure à la sienne
-  Le parfait amant ne désire d'autres étreintes que celles de son amante
-  L'amour doit rester secret s'il veut durer
-  La conquête amoureuses doit être difficile : c'est ce qui donne son prix à l'amour
-  Le parfait amant pâlit en présence de sa dame
-  Quand un amant aperçoit l'objet de son amour, son cœur tressaille
-  Un nouvel amour chasse l'ancien
-  Seule la vertu rend digne d'être aimé
-  Lorsque l'amour diminue, puis disparaît, il est rare qu'il reprenne vigueur
-  L'amoureux vit dans la crainte
-  La jalousie fait croître l'amour
-  Lorsqu'un amant soupçonne son amante, la jalousie et la passion augmentent
-  Tourmenté par l'amour, l'amant dort un peu et mange moins
-  L'amant doit agir en pensant à sa dame
-  Le parfait amant n'aime que ce qu'il pense plaire à sa dame
-  L'amant ne saurait rien refuser à celle que son cœur a élue
-  L'amant n'est jamais rassasié des plaisirs que lui apporte sa dame
-  Le plus petit soupçon incite l'amant à soupçonner le pire chez sa bien-aimée
-  Amour ne rime pas avec luxure
-  Le véritable amant est obsédé sans relâche par l'image de celle qu'il aime
-  Rien n'empêche une femme d'être aimée par deux hommes et un homme d'être aimé par deux femmes

La femme et le pouvoir.

Au moyen-âge, la femme pouvait très bien être reine. Que le seigneur s'absente ou meurt, les femmes gouvernent. Certains domaines ont d'ailleurs été dirigé par des femmes. On ne déniait alors à la femme le pouvoir politique et les résultats étaient excellents.

Les reines et les aristocrates.

Nombreuses sont les reines qui fondent des monastères et des églises sur leurs domaines. Elles étendant leurs pouvoirs en faisant nommer évêques certains de leurs favoris. Sauf en l'absence de leur époux, la femme noble ne compte guère dans l'univers violent, agressif, essentiellement viril des châteaux ; son sort est lié à la terre, seule garantie du pouvoir. Elle est une monnaie d'échange pour les seigneurs qui désirent accroître leurs biens et assurer une descendance. Les fillettes sont promises dès leur naissance à des hommes souvent bien plus âgés qu'elles. Dès le plus jeune âge, elles quittent l'univers maternel.

Au IXème siècle, les couvents servent de plus en plus à isoler les femmes considérées comme indésirables, socialement dangereuses ou simplement improductives. Avant la sainteté, la richesse constitue le critère majeur d'admission.
Du milieu du Xème siècle à la moitié du XIIème siècle, une femme non mariée peut signer des actes et agir en son propre nom (les sceaux représentaient le droit de propriété légalement valable).
Du XIIIème siècle et XIV siècle, mis à part de fortes personnalités de dames de la noblesse qui imposent leurs ordres, la société limite et contrôle le pouvoir des femmes.
En l'absence de leurs époux, les femmes mariées étaient chefs de famille et maîtresses de maison, propriétaires terriennes, châtelaines, propriétaires d'église. Elles pouvaient participer aux assemblées tant laïques qu'ecclésiastiques, exercer leur pouvoir dans le commandement militaire, le droit de justice et d'autres domaines car il n'y avait pas de barrières pour les y empêcher.
Les veuves détiennent leur pouvoir jusqu'à la majorité de leurs fils. Si elles sont menacées dans leurs droits, elles se réfugient dans les couvents. Les jeunes filles qui refusent un mariage arrangé contre leur gré font de même.

Les abbesses.

Les monastères fondés par les religieuses anglo-saxonnes comptent parmi les premières communautés.

Les célibataires.

Les femmes seules et sans aide se retrouvent très vite à la limite de la pauvreté. Les mères célibataires ou les veuves dans la misère qui avaient des enfants à nourrir n'hésitaient pas à mendier ou voler. La prostitution est le recours de nombre d'entre elles et la source de revenus pour les tenanciers de « maison de fille ».
Les monastères offrant des refuges pour les femmes seules issues de la noblesse s'ouvrent aussi aux autres catégories sociales et font apparaître un nombre considérable de couvents féminins (chez les franciscains, dominicains et cisterciens). Dans les monastères, les femmes savent lire, chanter, copier des manuscrits et les enluminer, filent, tissent et brodent des motifs. Des communautés de « béguines » se trouvent dans toute l'Europe. Elles offrent aux plus pauvres le logement, l'éducation et le travail (dans le textile et les hôpitaux notamment).

Les conditions de travail féminin

En dehors des tâches ménagères, les femmes participaient à la fabrication du textile ou à la production de denrées alimentaires destinées à être vendues. A la fin du moyen-âge, une hostilité croissante envers les femmes conduit semble-t-il à l'exclusion des femmes de la vie professionnelle : la femme doit se consacrer à ses enfants et à son mari selon l'idéologie bourgeoise.
Le commerce :
Dans les villes, de nombreuses femmes d'adonnent au petit commerce de marchandises qu'elles fabriquent elles mêmes, qu'elles achètent et revendent. Certaines pratiquaient également le grand commerce, organisées en guildes.
L'artisanat :
On rencontre des femmes indépendantes ou salariées dans tous les domaines d'activités non réglementés ou dans les corporations. Outre les métiers du textile ou de l'alimentation, on trouve des femmes dans des métiers tels que la métallurgie et le bâtiment où la main d'œuvre féminine journalière est moins chère.
La médecine :
Les femmes occupaient également une place importante dans le domaine de la médecine et de la gynécologie (l'interdit fait aux hommes d'entreprendre un examen médical d'une personne du sexe féminin, l'obstétrique était réservée aux femmes). Ces sages-femmes avaient des privilèges, pouvaient être assermentées et recevoir le salaire par la municipalité des grandes villes.
La vie intellectuelle :
A partir du XIIIème siècle, les écrits deviennent nombreux et sont conservés. Des femmes issues de milieux aisés prennent part à la vie spirituelle et intellectuelle et marquent de leur empreinte la vie médiévale.
Les paysannes :
La majorité des femmes exercent leur activité dans le domaine de l'agriculture. L'intensification de la culture des céréales, des plantes industrielles telles le lin, la garance et le chanvre indispensables à la production textile urbaine, la viticulture, l'élevage, … exigent une main d'œuvre saisonnière et libre. Dans le couple qui possède sa terre, les femmes s'efforcent d'apporter un revenu complémentaire en fabriquant le beurre, le lait, le fromage, les œufs, le petit bétail ainsi que les fruits, légumes, baies et occasionnellement du linge, du savon ou de la moutarde.

La prostitution.

Au moyen-âge, les responsables de l'ordre public, municipalités, seigneurs laïcs ou ecclésiastiques organisent progressivement la prostitution, déjà à partir du XIIème siècle, et surtout à partir du XIVème siècle, en tirant un profit financier. On trouve même des bordels possédés par des monastères ! Les villes et les bourgs ouvrent ainsi officiellement des maisons municipales de prostitution.
Les réglementations portent sur :
-  Les restrictions aux libertés des prostituées (déplacements, fréquentation, habits, …)
-  Les jours et les heures de fermeture obligatoires des maisons
-  Les relations financières et autres entre les gérants de maison et leur personnel, d'une part, ou les autorités d'autre part.
Souvent est précisée la nature des clients ; beaucoup de maisons ne peuvent théoriquement pas recevoir les hommes mariés, les prêtres et les juifs. La tenue de la prostituée doit être distincte de celle des autres femmes. L'état d'esprit des règlements n'est pas de protéger les femmes prostituées contre la violence ou l'exploitation.
Les prostituées le sont pour des raisons financières, parce qu'elles sont sans ressource pour une raison ou une autre : tel est le cas pour les étrangères à la ville, les migrantes venant de la campagne, les filles exclues du système matrimonial parce qu'elles ont été violées, parce qu'elles sont des servantes enceintes, parce qu'elles sont veuves ou abandonnées.
Il existe aussi une prostitution moins miséreuse, des femmes qui reçoivent discrètement chez elle des hommes de bonne condition.
Les pratiques sexuelles semblent être communément orales, anales, manuelles, les femmes fuyant le rapport vaginal pour des raisons contraceptives.
A partir du milieu du XVIème siècle, la tendance à organiser la prostitution se renverse et la fermeture des maisons se généralise dans toute l'Europe.

Sources

La prostitution au moyen-âge
La condition des femmes au moyen-âge
La place des femmes dans la société médiévale
Le pouvoir des femmes au moyen-âge en France