Après l'an 1000, l'Europe connût un formidable essor économique. Un facteur essentiel de la reprise économique fut la capacité des agriculteurs à produire plus que ce qu'ils avaient besoin pour leur subsistance. Les biens excédentaires pouvaient alors être vendus ou échangés sur les places des marchés ou encore dans les grandes foires commerciales. Cet afflux de marchandises redonna vie au commerce, et, en contrecoup, à l'artisanat et à l'industrie. Certaines innovations, ou applications pratiques de découvertes faites par des savants, furent apportées à la technique de l'agriculture.
Seuls 5% de la population étaient des empereurs, des papes, des guerriers célèbres ; 95% de la population étaient des paysans, des travailleurs de la terre. Jusqu'au XIXème siècle, ils représentent la base matérielle, le fondement de l'activité économique. En effet, même si les marchands et artisans amenaient la prospérité dans les cités, c'étaient les paysans qui nourrissaient les citadins.
Les serfs de la glèbe faisaient partie du domaine. Ils étaient attachés à une terre, un maître mais n'étaient pas pour autant des esclaves. Lorsque le domaine était vendu, les paysans passaient d'un maître à l'autre. Celui qui naissait fils de paysans deviendrait un paysan à son tour.
Pour développer l'agriculture, il faut aussi penser à préparer le terrain. Il faut défricher les forêts (par le feu et la hache) ; à partir de la fin du Xème siècle, l'essartage va se mettre en place. La vie des paysans épousait le rythme des saisons, les mêmes travaux se répétant d'une année à l'autre.
En hiver, les paysans seront bûcherons ou artisans. Le bois sert de chauffage, à la construction, à la fabrication d'outils. C'est à cette saison que le cuir est tanné pour les chaussures et les harnais. Le seigneur, s'il est abbé peut demander des peaux de mouton pour ses parchemins.
Au printemps, dès le dégel, c'est le moment des labours puis des semailles. La fin de l'hiver signifie aussi qu'il est temps de tailler la vigne. Chaque région du royaume produisait son vin.
Entre avril et juin, il faut tondre les moutons.
En été, on fauche le foin, puis arrive la moisson. Les épis sont coupés à la faucille, les tiges sont laissées sur place pour servir de pâture . Enfin les chaumes seront brûlés pour fertiliser la terre. Les épis seront battus au fléau ou piétiné par les animaux. Au fur et à mesure des mois suivants, selon les besoins, le grain sera moulu.
En octobre, en automne, la terre est travaillé pour recevoir la semaille d'hiver qui germera au printemps suivant.
C'est aussi le temps de la vendange. A cette époque, la forêt donne ses fruits : miel, glands, noisettes, châtaignes (dont on fait une farine qui remplace le blé pour les plus pauvres).
Le harnais du cheval :
Depuis la domestication du cheval, les hommes savaient qu'il était rapide et plus fort que le bœuf. On n'avait pourtant que rarement recours à cet animal pour les travaux des champs car le harnais n'était pas adapté aux lourdes tractions. L'harnachement traditionnel consistait en une bricole lâche portée sur le cou de l'animal. Aussi, plus le cheval tirait, plus la bricole gênait sa respiration.
Au début du moyen-âge, on inventa l'harnachement à collier rigide. Ce collier rembourré s'appuyait sur les épaules du cheval et n'entravait pas sa respiration. On améliora aussi le rendement des attelages en modifiant la position des animaux de trait. A l'Antiquité, les chevaux étaient attelés côte à côte ; au moyen-âge, on les attelés à la file, ou par couples, les chevaux exerçaient ainsi une force supérieure.
Sur ce croquis d'un attelage médiéval, les chevaux de volée portent des bricoles, et les timoniers des colliers d'épaule.
Le fer à cheval :
Sous les climats chauds et secs, les sabots des chevaux s'usaient relativement peu. On les protégeait en les munissant de bandages appelés hipposandales. En revanche, sous les climats tempérés et lourds, on renforçait les sabots grâce à des fers cloués dessous. Le ferrage fût une des innovations qui contribuèrent à faire du cheval l'auxiliaire indispensable de l'homme.
Les premières traces sur l'origine du fer à cheval dateraient du Vème siècle mais c'est surtout à partir du XIème siècle que les mentions deviennent nombreuses. Au début, on utilise des petits fers de 3cm de longueur et 2 cm d'épaisseur. Une pointe au milieu forme le crampon, munie de deux poinçons enfoncés dans les parois du sabot. Il y a ensuite une évolution nette du fer à cheval qui devient de plus en plus grand et d'épaisseur suffisante.
L'art de ferrer était ignoré de l'antiquité grecque et romaine ; tous les écrits des anciens le témoignent ; ils se plaignent que de longues marches entraînent l'usure des sabots.
Les Grecs puis les Romains inventirent alors l'hipposandale - un soulier en fer pour cheval, fixé au moyen d'un lacet. (photo)
Le fer à cheval a été inventé (du moins dans nos régions) par les Gaulois. Quand ? Cela reste un mystère. Les plus anciens des fers trouvés sont en bronze, mais on en trouve aussi de très anciens en fer forgé.
Pendant l'antiquité le cheval n'était ferré que lorsque l'usure du sabot était trop prononcée, lorsqu'il fallait marcher sur de mauvais terrains, en temps de glace, ou faire de longues et fatigantes courses.
Pourquoi fut-il inventé par les Gaulois ? Car en Gaule, comme chez les autres peuples du Nord de cette époque, l'application de la ferrure était souvent d'une impérieuse nécessité ; les contrées tempérées et humides, et surtout le climat froid, ramollissaient le sabot du cheval et diminuaient sa force de résistance à l'usure - le pied du cheval pousse moins et s'use plus vite en hiver.
Les boeufs qui travaillaient aux champs étaient ferrés aussi.
Pourquoi trouver un fer à cheval porte t-il bonheur ? Quand, au détour d'un chemin, on trouvait un fer à cheval, on ne le lançait pas par dessus son épaule en faisant un voeux, on allait plutot le revendre au forgeron ou maréchal-ferrant du village.
Lorsqu'on le place au dessus d'une porte, il faut le placer la "tete" en bas", afin qu'il recueuille la bonne fortune!