Le bouclier

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Modérateur : Andrieu Dervenn

Bohemond

Le bouclier

Message non lupar Bohemond » 05 déc. 2013 16:04

Tout objet permettant d'opposer à l'adversaire une surface derrière laquelle on se protège est appelé un bouclier .

Les boucliers sont essentiellement en bois, parfois en cuir, rarement en métal . Depuis toujours , bien avant l'invention de l'héraldique, ils sont décorés et peints, pour permettre d’identifier les combattants et les unités.

Le plus ancien bouclier sur lequel on a assez d'info pour en parler est l'aspis, le bouclier grec. Il s’agit d’un bouclier circulaire en bois, recouvert de textile ou de cuir, parfois d’une couche de bronze destinée avant tout à la décoration. Mesurant près de 1m de diamètre , il est bombé , mais savez-vous pourquoi ? Cette drôle de forme permet au combattant de loger son épaule à l’intérieur, et donc de supporter son poids avec son corps, et pas seulement au bout de son avant-bras. Il faut dire que la bête pèse une douzaine de kilos… Il est bien adapté au combat en formation et à la lance, offrant une protection quasi complète, sauf au niveau des jambes – mais il faut dire que les armes passent au dessus de la ligne de boucliers, et qu’une fois en formation, on ne peut guère les déplacer.

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Plus tard , Philippe II de Macédoine , le père d'Alexandre le Grand va inventer ou du moins adapter une nouvelle technique : la phalange. Les Grecs maniant alors de longues lances d'environ 6 mètres ( les sarisses ) , on va réduire la taille du bouclier, qui prendra alors le nom d'hoplon ; c'est d'ailleurs pourquoi le fantassin grec est happelé hoplite et le gladiateur utilisant la lance et le bouclier, hoplomaque .

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Le plus célèbre , est celui qui vient juste après , le scutum . Utilisé par les romains, il s’agit d’un bouclier en bois, cintré, et légèrement arrondi aux extrémités. Mesurant à l’époque républicaine facilement 1m30, il va progressivement devenir plus petit pour atteindre cette forme carrée que nous connaissons bien. Là aussi, il s’agit d’une arme destinée au combat en formation. Très couvrant, il restreint aussi le champ de vision et la mobilité de son porteur. Il est tenu, contrairement aux modèles antérieurs et médiévaux, par une poignée, la main étant protégée par un renfort en fer ; le umbo.

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Les légionnaires romains s'entrainaient avec des boucliers d'osier ; plus légers ... En effet , le légionnaire romain s'entrainait plusieurs heures par jour !!!

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Le bouclier gaulois, est très proche du bouclier romain. Il s'en différencie du fait qu'il était plat, tandis que l' autres était cintré. Recouverte de cuir brut, la planche est renforcée sur toute sa hauteur par une arrête (spina), dont la vocation est de dévier les coups frontaux. Son centre est épaissi et creusé pour y loger la main qui tient à l'intérieur la poignée. Pour protéger la main, un umbo de fer a été ajouté.

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Le scutum coexite avec des boucliers de forme ovale, qui équipent largement la cavalerie, mais aussi certaines unités d’infanterie, et qui se rapprochent des protections utilisées par les peuples germaniques et celtes du début de notre ère. La tradition populaire donne aux légionnaires un scutum et aux auxiliaires un bouclier ovale, mais les choses semblent bien moins tranchées que cela.

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Le clipeus était porté par les cavaliers . Il a la particularité d'être hexagonal et descendrait du bouclier celte. Il est inévitable, comme montrent les essais, que ce bouclier était attaché à un baudrier, afin de libérer la main gauche qui tenait les rênes. En cas d'urgence le cavalier pouvait lâcher les rênes , et prendre en main rapidement et aisément le clipeus pour se protéger.

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Moins connu ; mais de la même époque le parma . Principalement utilisé par les auxiliaires et la cavalerie ; il était surtout utilisé par les signifer ( porte-enseigne ) . Ces derniers n'étant jamais en première ligne , le parma servait plutôt à protéger des flèches que de parer les coups de l'ennemi .

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Au bas empire, les affrontements réunissent moins de combattants, et les escarmouches sont plus nombreuses. Avec un mode de combat plus ouvert, les armes changent. Les épées s’allongent, et le bouclier redevient circulaire, toujours bombé, avec une taille parfois impressionnante de plus de 1 m de diamètre. Il faut y voir une influence nette des peuples germaniques, qui adoptent cette forme à cette époque.

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Au haut moyen-âge, le bouclier rond va encore dominer le champ de bataille, mais sa taille sera plus faible que dans l’antiquité. Les vikings sont une excellent illustration de cette mode, avec des boucliers ronds – en bois portant parfois des décorations absolument magnifiques.

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Avec la sédentarisation des vikings et le grand retour de la cavalerie, va naitre un nouveau modèle de bouclier, en amande, largement illustré par la tapisserie de Bayeux. Sa forme est avant tout destinée au cavalier : la forme élargie en haut couvre bien le torse du combattant, et la partie étroite protège quant à elle la jambe. Ce modèle va toutefois également équiper l’infanterie, durant tout le X-XIème siècle. Toujours en bois, recouvert de cuir brut, il ne se tient pas par une poignée mais par l’avant bras, grâce à des sangles

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Il est toutefois relativement encombrant et lourd. Pour résoudre cette difficulté, les combattants vont le raccourcir petit à petit, en coupant le haut et diminuant la pointe du bas : c’est ainsi que l’écu médiéval va naître.

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Plus on va avancer dans le temps, et plus le bouclier deviendra petit. Il s’agit sans doute aussi d’une conséquence de la progression de l’armure, avec la généralisation des plates plus couvrante et offrant une meilleure protection.

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Viendra ensuite la targe ; ce nom désigne à lui seul deux boucliers .
Premièrement , utilisée à la guerre , la targe est un petit bouclier qui ne servira plus à parrer les coups ; mais à venir les chercher . D'abord ronde , elle va au fur et à mesure changer de forme , plus pratique , permettant nottament de manier une arme à deux mains tout en bénéficiant de la protection de ce petit bouclier .

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La targe désigne aussi le bouclier de joute ; mais ce dernier n'était pas utilisé à la guerre . Au fur et à mesure que l'armure de joute va évoluer ; la targe disparaitra laissant place à une pièce d'armure suppléméentaire appelée manteau d'armes .

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Au XVIème siècle, avec l’apparition des armes à feu, l’intérêt du bouclier diminue, et son encombrement va finalement causer sa disparition. D’arme, il va passer au statut d’élément de décoration : notre écu est devenu un blason .

Finalement, seuls les écossais vont conserver leurs boucliers, targes lointaines héritières des armes des peuples du Nord. Les fiers highlanders vont conserver la tradition de l’escrime avec une targe , nommée aussi rondache ; jusqu'au XVIIIème sciècle .

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A l’époque moderne, le bouclier refera une brève apparition dans les tranchées de la première guerre mondiale, sous forme de plaque de blindage assez peu mobile. La tradition de la phalange et du scutum rectangulaire n’est toutefois pas morte, puisque toutes les polices du monde… la pratiquent encore de nos jours !

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Dernière édition par Bohemond le 11 déc. 2013 01:20, édité 12 fois.

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