Les activités urbaines u moyen age

Divers, fourre-tout au sujet du Moyen Age

Modérateur : Andrieu Dervenn

Avatar de l’utilisateur
Papa Ours
Utilisateur nul!
Utilisateur nul!
Messages : 13
Inscription : 30 janv. 2018 16:20
Localisation : Liège

Les activités urbaines u moyen age

Message non lupar Papa Ours » 14 févr. 2018 10:25

Durant le haut Moyen Âge, les villes ont été plongées dans une certaine léthargie. Les cités antiques se rétractaient à l'intérieur de leurs murailles tandis qu'avait lieu un phénomène de ruralisation marqué. Le XIe siècle est celui du réveil des villes : les anciennes cités antiques s'étendent et voient leur population croître tandis qu'apparaissent de nouveaux centres de peuplement. Les villes deviennent aussi d'importants foyers de culture : si la culture s'était réfugiée au haut Moyen Âge dans les monastères, elle gagne les villes à partir du XIe siècle du fait de la création des universités, du maintien des écoles cathédrales, et de l'ascension des élites marchandes. Centre politique, économique et religieux, la ville médiévale, contrairement à ce que l'on pourrait penser, n'échappe pas au pouvoir seigneurial. Il ne s'agit pas d'un corps étranger au système féodal mais au contraire un de ses rouages essentiels. Néanmoins, les citadins parviennent parfois à conquérir une certaine autonomie (mouvement communal).

Les caractères des villes

La ville médiévale se caractérise par des bâtiments remarquables spécifiques. La muraille (qui n'entoure pas toutes les villes), très coûteuse à bâtir, a autant une fonction symbolique (manifestation de puissance) que pratique en permettant le filtrage des marchandises entrant et sortant par les portes, et donc leur taxation. A l'intérieur des enceintes, les clochers sont très nombreux : Paris compte ainsi au XIIIe siècle douze minuscules paroisses sur l'île de la Cité, quatorze sur la rive droite et huit sur la rive gauche. Les églises citadines disposent presque toutes de leur cimetière intra muros. D'autres édifices religieux plus imposants (cathédrales, basiliques) voisinent avec ces petites églises paroissiales. Le bâti est très serré, les rues sont très étroites et leur tracé presque jamais rectiligne. En France, le pavage urbain ne commence vraiment à se répandre qu'à partir du règne de Louis IX (1226-1270).
D'autres édifices encore ne se trouvent qu'en ville tels les maisons communes (ou hôtels de ville), les halles et les fontaines. La ville tient une fonction religieuse (évêchés, abbayes), politique (lieu de pouvoir) et économique (artisanat, commerce).
Des activités diverses

Les villes médiévales sont le foyer de nombreuses activités. Le textile est habituellement considéré comme la première activité urbaine. La Flandre s'impose dès le XIe siècle dans ce domaine avec ses draps lourds et de bonne qualité. A partir du XIIe siècle apparaissent de nouveaux centres tels Douai, Arras, Saint-Omer, Tournai, Gand ou Bruges. Peu à peu les tâches se spécialisent : battage, peignage, filage (opérations ne demandant que peu de compétences) sont confiés aux femmes; le tissage, tâche complexe, est au contraire considérée comme la plus noble.
La construction, longtemps négligée, constitue peut-être pourtant la première activité « industrielle » du Moyen Âge en terme de main d'oeuvre. Les villes médiévales sont des chantiers permanents du fait de la construction permanente d'habitats courants mais aussi à cause de grandes constructions (cathédrales, églises, châteaux, ponts, murailles).
Le travail des métaux, des cuirs et des peaux, l'alimentation (boulangers, bouchers,...) demandent aussi une main d'oeuvre importante. Dans tous ces travaux, quand cela est possible, la spécialisation de la chaîne opératoire apparaît.





L'organisation des métiers

A partir du milieu du XIIe siècle apparaît l'organisation de l'artisanat en métier (on utilise aussi les termes arts, jurandes, ghildes mais pas corporations). Le métier est un groupement économique de personnes exerçant la même profession. Des statuts fixent un ensemble d'obligations, d'interdictions, d'incitations. Avant le XIVe siècle, on distingue les métiers jurés, dont les membres sont liés par un serment et déterminent leurs statuts (bassin parisien), et les métiers réglés, dont la réglementation est imposée par les autorités urbaines (Midi de la France, Flandre, Allemagne). La fonction essentielle du métier est de contrôler la production : défense la qualité des produits, suppression de la concurrence, organisation l'entraide entre les membres. Il s'instaure une hiérarchie du travail à trois niveaux : maîtres, apprentis, valets. Les apprentis peuvent devenir maître à l'issue d'un examen rigoureux et du paiement d'un droit d'entrée, exigences auxquelles sont souvent soustraits les fils de maîtres. Les valets n'ont pas vocation à progresser et se voient souvent confier les basses besognes. Peu à peu, les métiers tendent à se fermer à la mobilité sociale (paiement de droits d'établissement).
D'un point de vue extérieur, les métiers sont classés entre eux selon leur dignité et leur richesse : ainsi à Florence sont distingués les arts majeurs des arts mineurs, et à Gérone les « mains » majeures, moyennes et mineures. Cette hiérarchie des métiers se traduit généralement au niveau politique (accession à des fonctions politiques pour les métiers les plus puissants).

La revalorisation des marchands et artisans :D

Au fur et à mesure que le commerce s'accroît, les compétences requises pour être marchand sont de plus en plus élevées. Les lettres de foire, les contrats de change et les lettres de changes témoignent de la complexification de la profession. Il s'ensuit une revalorisation au sein de l'Eglise et de la société. Des théologiens (comme Jean Duns Scot) tendent à légitimer ceux qui, traditionnellement selon l'Eglise, gagnent leur pain sans peine. En 1215, le concile de Latran IV autorise même le prêt à intérêt modéré alors que l'usure était jusque-là condamnée.

La même évolution se produit chez les artisans. Le travail manuel, longtemps méprisé, se voit réhabilité en raison de son utilité économique et sociale. Les théologiens y voient le moyen de combattre l'oisiveté, danger moral et social. Toutefois, dans les faits, les artisans restent socialement inférieurs aux marchands.


Les pouvoirs dans la ville

La hiérarchie urbaine

En ville, un petit nombre de personnes détient le pouvoir politique et social. Cette élite est composée de ministériaux (agents seigneuriaux), de nobles, de clercs, de grands marchands et de banquiers. A côté, marchands et boutiquiers forment ce qui est appelé le poppolo grasso (« peuple gras ») et les petits artisans, les ouvriers, les valets le poppolo minuto (« peuple menu »). La ville médiévale abrite aussi un nombre considérable d'exclus et de marginaux : bourreaux, prostituées, vagabonds, juifs, lépreux et fous. Ces derniers sont les premières victimes des famines et épidémies.

L'emprise seigneuriale

Les espaces urbains, anciennes cités antiques ou villes nouvelles, n'échappent pas au système seigneurial. La noblesse domine la ville et lève des taxes et le cens (redevance foncière). Elle contrôle les relations avec le monde rural environnant et l'approvisionnement constitue un de ses soucis majeurs. Les citadins sont aussi soumis à un seigneur banal qui exerce la justice, contrôle la police et protège les habitants. Parallèlement, l'évêque continue à jouer le rôle prééminent qu'il tient depuis le haut Moyen Âge. Selon les quartiers, les habitants peuvent être soumis à des autorités différentes.

Le mouvement communal

A partir de la fin du XIe siècle, les élites urbaines, qui contestent l'autorité seigneuriale, réclament et obtiennent des privilèges, parfois au prix d'insurrections, codifiés dans les chartes de franchise. Certains seigneurs ne sont pas opposés à ce mouvement, y voyant un intérêt financier (parfois les chartes sont vendues, la paix stimule le commerce) ou politique (en Espagne, les souverains accordent des privilèges aux villes reconquises). Quand le pouvoir du seigneur est trop faible, la ville obtient le statut de commune (auto-organisation collective). En fonction des libertés obtenues, les villes se dotent d'institutions municipales aux compétences plus ou moins étendues. L'assemblée générale des habitants constitue la base du pouvoir et prend les grandes décisions (pouvoir assez théorique). Le conseil de ville, rassemblant des échevins (dans les villes du Nord) ou des jurats (dans les villes du Sud), délibère sur toutes les questions touchant à la vie urbaine et gère les affaires municipales. Il se rassemble dans l'hôtel de ville (Nord) ou la maison commune (Sud).
Vive valeqe...

Revenir vers « Discussions méd »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invités