Les structures militaires et leurs enseignes

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Modérateur : Andrieu Dervenn

Fred

Les structures militaires et leurs enseignes

Message non lupar Fred » 05 nov. 2015 20:59

La lance
Le terme de « lance » désigne l'unité tactique des armées féodales et est commandée et financée par le chevalier qui en est la force vive. Elle constitue la base de toute armée au moyen-âge. Une lance pouvait compter un nombre variable d'hommes d'armes qui combattaient tant à pied qu'à cheval. Ainsi, une lance désigne plus d'un combattant, et il ne faut pas s'y tromper lorsque, dans les chroniques d'époque, on parle d'autant de lances lors de telle ou telle bataille, on parle de plus d'hommes que le nombre de lances indiqué ; c'est d'ailleurs l'une des difficultés des historiens pour évaluer avec exactitude le nombre réel de soldats présents lors d'une bataille. Plusieurs lances réunies sous les ordres d'un « banneret » formaient une « bannière », et un certain nombre de bannières composaient une « bataille ».

Sous Philippe Auguste, au début du XIIIe siècle, une bannière comptait quatre à six lances. La bataille, placée sous le commandement d'un grand feudataire (possesseur de fief important), pouvait rassembler cinq à six bannières, soit cinq cent à mille cavaliers. Mais ces chiffres étaient éminemment variables, ne serait-ce qu'en raison de l'importance de la fortune de certains bannerets capables d'emmener un plus grand nombre de vassaux : c'était sans doute ce qu'on appelait « double banerés » au XIIIe siècle.

Sous Philippe VI de Valois (XIVe siècle, début de la guerre de cent ans), onze batailles rassemblèrent 192 bannières pour la bataille de Cassel (1328). Les exigences durent s'amenuiser peu à peu puisque, en 1452, un seigneur de Sains reçut le titre de chevalier banneret en se présentant à l'ost (l'armée) avec le nombre minimum de 25 hommes d'armes.

Il est curieux de constater que le titre de banneret n'était pas accordé aux seuls chevaliers ; on rencontrait des bannerets écuyers et même des bannerets qui n'avaient aucun titre mais que l'habileté ou les moyens financiers rendaient aptes à conduire un certain nombre d'hommes à la guerre.

Le chevalier banneret avait le droit de porter le haubert (le terme est ici entendu en tant que coiffe de maille, parfois appelé « camail » ; haubert vient de l'allemand hals "gorge" et bergen "cacher, mettre en sureté") et le haubergeon (la double cotte de mailles, constituées de doubles anneaux pleins entrelacés).

Le chevalier bachelier venait immédiatement sous le chevalier banneret et il servait directement sous une bannière, n'ayant lui-même aucun vassal.

Le bachelier, un simple gentilhomme aspirant chevalier et de rang moins noble et moins élevé que les chevaliers bacheliers, s'attachait à un chevalier auprès duquel il apprenait le métier des armes. Du Guesclin était bachelier quand le roi Charles V lui donna sa lieutenance générale de son armée.

L'écuyer accompagnait un chevalier dès l'âge de quatorze ans, en attendant d'être nommé chevalier à vingt-et-un ans.

Enfin, le page servait à partir de sept ans comme simple domestique attaché à un chevalier. A quatorze ans, il sortait des pages, ceignait l'épée et devenait écuyer.
Au XVème siècle, en 1445, la lance dite « garnie » ou « fournie » fut fixée par le roi Charles VII à un homme d'armes et son page, un coutiller (homme de pied armé d'une demi-pique et d'une coutille), deux archers et un valet. Cent lances formaient une des vingt « compagnies d'ordonnance » qui se révélèrent, en 1446, le noyau de la nouvelle armée permanente.
Les enseignes

Le « pennon », parfois appelé fanon, garnissait la lance (l'arme) du chevalier le plus humble, celui qu'on surnommait parfois « chevalier d'un écu » (bouclier) car il était tout seul. Le droit de porter cette flamme triangulaire, parfois découpée en deux pointes ou cornettes, se disait « pennonage », et une troupe marchant sous un pennon était une « pennonie ».

La « bannière », appelée parfois gonfanon, distinguait le banneret. Lorsqu'elle était accordée sur le champ de bataille, on coupait ainsi les pointes (ou cornettes) de telle sorte que le tissus accroché à la lance ait une forme rectangulaire, ou de trapèze rectangle. Cette amputation se faisait en grande cérémonie : cela s'appelait « faire de pennon bannière », et le banneret frais émoulu recevait le titre familier de « chevalier au drapeau carré ». La bannière prit d'ailleurs la forme carrée entre 1310 et 1350.

La « bannière royale », appelé en France l'oriflamme, était l'enseigne et la bannière des moines de Saint-Denis (d'où le cris de guerre des soldats français « Montjoie Saint-Denis »). C'est sous le règne de Louis VI le Gros, au XIIe siècle, que l'oriflamme, en tissu de soie rouge fixée à une hampe dorée (d'où son nom) est décrite pour la première fois. Elle fut perdue en 1304, à la bataille de Mont-en-Pélève où elle fut prise et déchirée par les flamands.

Source : « Le costume, l'armure et les armes au temps de la chevalerie », Tome 1, par Liliane et Fred Funcken, Ed. Casterman.
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Re: Les structures militaires et leurs enseignes

Message non lupar Andrieu Dervenn » 06 nov. 2015 08:21

funcken ;-)
merci pour cet article . Mais j'y ajouterais deux ou trois virgules.
- Avant le page on a encore le galopin dés 6 ans
- on peut être fait chevalier a partir de 14 ans pas 21, la moyen d'age des combattants français des grandes batailles de la guerre de cent ans tourne autour de 17 ans
- gonfanon est juste la façon verticale (comme les chinois) d'attaché une bannière ou un étendard à la hampe
- un oriflamme est un drapeau allongé sur lequel il n'y a qu'une devise ou cri de guerre sans représentation heraldique

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